Interview #12

Audrey Lorel - Graphiste culinaire

Salut Audrey, merci d’avoir répondu positivement à mon invitation d’interview. Tout d’abord, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ? Qui tu es, qu’est-ce que tu fais ?

Audrey : Je m’appelle Audrey, j’ai 30 ans, je vis en Normandie et je suis indépendante depuis 7ans. 

Je me suis lancée à la sortie de mes études, plutôt par opportunité que par choix, pour ne pas  attendre passivement de trouver le job idéal et parce que c’était facile à l’époque de trouver des  missions freelance en agence en tant que graphiste. Mais je ne pensais pas avoir les épaules pour  gérer les multiples casquettes du freelance et comme beaucoup, cela me faisait peur. Je  n’imaginais absolument pas en faire ma carrière.  

Et puis finalement, tout s’est enchaîné et je n’ai jamais manqué de travail. 

Je le dis souvent, mais j’ai tendance à croire que j’ai une bonne étoile qui met toujours les bonnes  personnes au bon moment sur mon chemin. J’ai toujours eu un parcours très fluide et les choses  se sont toujours enchainées comme je le voulais. 

Souvent, on me demande comment j’ai trouvé mes premiers clients parce que c’est ce qui inquiète  la plupart des futurs indépendants. Moi, j’ai eu la grande chance de décrocher très vite et par  hasard un contrat régulier avec un groupe de restaurateurs parisien, alors que je leur avais envoyé  une candidature spontanée pour un job salarié dans leur minuscule maison d’édition. Ils ont crée  ce poste pour moi et ça a été le début d’une belle collaboration de 3 ans. Cela m’a surtout permis  d’avoir un revenu mensuel tellement rassurant quand on se lance !  

Puis, j’ai développé progressivement mon réseau et j’ai eu de plus en plus de projets à coté. Ça  s’est vraiment fait naturellement. Je n’ai jamais vraiment eu le temps de chercher des clients. Contre toutes attentes, je me suis très vite épanouie dans ce mode de vie et j’ai eu envie de  progresser. Alors je me suis mise à lire beaucoup de contenu, tant pour développer mon activité  qu’en développement personnel. Il y a 4 ans, j’ai découvert Jonathan Path, un coach pour  freelance. J’ai eu plusieurs révélations en parcourant son contenu, et notamment l’importance de  se spécialiser pour se démarquer et avoir une vraie valeur ajoutée par rapport aux milliers d’autres  graphistes. C’était pas encore très courant à l’époque de se spécialiser. La food, ça a été une  évidence pour moi pour plusieurs raisons que je détaille sur mon site et instagram. Au fil des  années, je précise de plus en plus mon activité pour l’aligner avec ma vision du « job idéal ».  J’ai commencé par être « graphiste tout court » et c’était super. Puis J’ai choisi la food pour  exercer mon métier avec encore plus de plaisir et de passion au quotidien.. Aujourd’hui, je donne  encore plus de sens à ce que je fais en me consacrant au maximum à des projets à impact positif.  J’ai rédigé un manifeste sur mon site pour préciser ma vision. Plus j’avance et plus j’écrème pour  que mon activité soit parfaitement cohérente avec la personne que je suis. 

Je me souviens quand tu as répondu à mon invitation, tu m’as dit : ohlàlà, mes habitudes de vie ne sont pas très inspirantes. Pourquoi ?

Audrey : Ah ah. Parce que je suis une jeune maman débordée. Mon mari est entrepreneur agricole, il travaille énormément et je suis souvent seule à la maison, alors je fais de mon mieux pour ma fille mais niveau hygiène de vie, je suis loin d’être exemplaire. Je ne fais pas de sport, je dors mal depuis de nombreuses années, et je mange trop car je suis gourmande et que c’est un vrai moment de réconfort pour moi. 

On lit souvent la phrase :”prends soin de toi” en guise de “à bientôt”. Est-ce que tu peux nous dire si prendre soin de soi est quelque chose d’important ?

Audrey : Oui, c’est important bien sur. Je suis convaincue qu’il faut d’abord être bien dans sa  peau pour être bien dans son couple, dans son rôle de maman, dans sa vie professionnelle. J’ai toujours été bien dans ma peau, malgré mes kilos en trop. Quand j’évoque mon poids, j’ai  l’habitude de dire que mon problème à moi, c’est d’être trop bien dans ma peau. Je pense aux  personnes qui ont des troubles de l’alimentation et qui se voient toujours trop grosse, trop ci, trop 

Moi, quand je me regarde dans le miroir, je me trouve belle. Ce sont les photos qui me ramène  à la réalité ???? Et la, je me dis, « Audrey, il faudrait vraiment faire quelque chose ! »  Cette année, j’ai eu une vraie prise de conscience parce que ma grand mère a fait un terrible  accident vasculaire cérébral quelques jours après le déconfinement alors qu’elle semblait en pleine  santé. Nous pensions l’avoir perdue mais elle se bat depuis 6 mois pour redevenir la personne  qu’elle était. Elle a fait d’incroyables progrès mais le chemin est encore long. Elle s’est toujours fait  passé après tout le monde, elle ne s’est pas occupée d’elle et son corps a finit par la lâcher alors  qu’aujourd’hui, on sait que tout cela aurait pu être évité. D’autres ennuis de santé dans mon  entourage m’ont fait réaliser que la santé est précieuse et fragile et qu’il ne faut jamais la prendre  pour acquise. 

Cette année, je me suis beaucoup occupée des autres et peu de moi. Depuis 3 mois, j’enchaine  les rhumes et je sais que c’est une façon pour mon corps de m’alarmer. Alors je suis bien décidé a  « prendre soin de moi » pour mieux prendre soin des autres. 

Niveau rythme hebdomadaire est-ce que tu peux nous partager ton équilibre entre temps d’activité et temps de repos ? Sur les 168 heures dont on dispose sur une semaine comment ça se répartit chez toi ?

Audrey : Je travaille dans mon bureau de 9h à 18h sauf le mercredi que je consacre à ma fille. Cela fait finalement peu de temps de travail pour faire tout ce que j’ai à faire alors ces heures-là sont vraiment intenses. Et comme beaucoup d’entrepreneurs j’imagine, j’ai vraiment du mal à déconnecter alors je re-travaille presque toujours le soir une fois qu’elle est couchée mais sans pression et devant une bonne série. Et le week-end je travaille pendant sa sieste. Mais je travaille beaucoup la dessus pour avoir désormais de vrais jours « OFF ». Je crois que c’est nécéssaire de laisser son esprit et son énergie créatrice se ressourcer de temps en temps pour être vraiment au top le reste du temps. Il n’y a plus qu’à s’y tenir !

As-tu par exemple des astuces qui te sont propres et t’aident dans la réalisation de tes grosses tâches pour ne pas être en surrégime ?

Audrey : J’éteins mon téléphone, je coupe mes notifications et mes mails pour ne pas être dérangée et rester concentrée. Avant je traitais les mails au fur et a mesure mais il n’y a rien  de pire pour te couper dans ton élan. Le multitasking, c’est vraiment ce qui sabote la productivité.  

Faute de temps, je ne fais quasiment jamais de pause même si je sais que ce serait bénéfique. Je suis plus efficace le matin donc mes journées se découpent de cette manière, création le matin  et traitement des mails et tout ce qui demandent moins de concentration l’après midi.

Beaucoup d’entrepreneurs disent que leur cerveau tourne en boucle une fois couché, est-ce ton cas ?

Audrey : Mon cerveau ne s’arrête jamais et c’est épuisant. Je me réveille parfois la nuit avec  des idées lumineuses que je suis obligée de noter. Mes problèmes de sommeil sont liés à cela,  mon cerveau ne s’arrête jamais et mon sommeil n’est pas du tout réparateur. Ça c’est déclaré il y a  plus de 10 ans et je cherche toujours aujourd’hui une solution. 

J’ai testé la clinique du sommeil mais ils n’ont rien décelé de clinique, j’ai été suivi par une  psychologue du sommeil, j’ai fait de l’acupuncture, de l’hypnothérapie, j’ai testé les fleurs de bach  et tous les produits à base de plantes dont on fait la promotion à la télé mais rien n’y fait.  Après, je confesse, je suis du genre à suivre le traitement 1 semaine et a arrêter si cela ne change  rien. Je dois être plus rigoureuse et plus patiente.  

Mais tous les professionnels de santé m’ont toujours donné les mêmes conseils : Manger léger et  plus de deux heures avant l’heure du coucher, faire du sport et pas d’écran avant de dormir. Mais  c’est compliqué pour moi qui travaille le soir sur mon ordinateur. J’adore lire alors je dois vraiment  m’imposer une routine détox.

Côté activité physique est-ce que tu pratiques un sport ou pas ?

Audrey : Non je ne fais pas de sport. Je n’ai jamais été une grande sportive à vrai dire. Et aujourd’hui, je n’ai tout simplement pas le temps entre mon travail et ma fille. J’ai la chance de vivre à la campagne et j’aime beaucoup marcher alors cet hiver, je compte sur mon mari pour me libérer ce temps là.

Avec ta fille tu fais des activités extérieures ?

Romain : Oh oui, on a la chance d’avoir un grand jardin avec tout le matériel rêvé par une enfant de 2 ans. On va beaucoup se promener, faire du vélo, à la bibliothèque. Je joue beaucoup avec elle et elle ne m’épargne pas, elle me fait bien crapahuter. 

Dans ton emploi du temps est-ce que tu as des habitudes le matin et/ou le soir dont tu ne peux pas te passer ?

Audrey : Je commence toutes mes journées de travail en lisant mes « commandements », une  liste d’affirmation collectées au fil de mes lectures pour devenir la personne que je veux dans mon  business. Cela m’a réellement aidé depuis le début de l’année à progresser dans mon activité pour ancrer en moi les bonnes habitudes.

Par exemple : “Respecte toujours tes engagements”,  « communqiue », “Dis non plus souvent que tu ne dis oui”… C’est mon rituel du matin. J’ai découvert les podcasts assez récemment et il y a beaucoup de choses intéressantes. Donc  j’essaie de les intégrer dans ma routine du midi et les écouter en déjeunant.  Je lis parfois le soir et j’aimerais m’accorder un moment de lecture le matin mais pour l’instant ce n’est pas le cas. Mais je n’ai jamais été une lève-tôt et si j’ai du mal a sacrifier ne serait ce que quelque sminutes de sommeil

Côté alimentation est-ce que tu cuisines ou pas du tout car ce n’est pas ton truc ?

Audrey : J’adore cuisiner. Contrairement à mon mari, je déteste manger tout le temps la même chose alors j’adore tester de nouvelles recettes. Entre les livres de cuisine, les blogs et les créatrices de contenu sur instagram, on a vraiment ce qu’il faut comme inspiration. On a la chance d’avoir un potager et de nombreux amis producteurs. Je suis beaucoup plus salé que sucré alors je fais peu de patisserie. 

As-tu une éthique particulière (végétarien, végan…) ou bien tu manges de tout ?

Audrey : Je mange de tout. Mais depuis la naissance de ma fille, je préfère manger moins de viande pour privilégier de loin la qualité française. Mon mari est agriculteur et on est bien entouré en terme de producteurs. On a les deux pieds dans la réalité agricole et on a du mal avec tous les amalgames qui sont fait sur l’alimentation par des gens très loin de la terre. Il y a beaucoup de confusions faites autour du bio. L’agriculture conventionnelle française est la plus contraignante et controlée du monde. Certains produits interdit dans le conventionnel français sont autorisés dans le bio européen. Ou pire, du bio qui vient de l’autre bout du monde, ça n’a vraiment aucun sens. Alors ma conviction à moi, c’est de consommer au maximum des produits locaux ou français. 

Quand on est indépendant on parle énormément de montagnes russes émotionnelles car ça fait partie de la vie de tout entrepreneur. Alors est-ce que tu peux nous dire comment toi tu composes avec des émotions fortes positives ou négative ?

Audrey : J’ai la chance d’avoir une activité assez régulières depuis toujours. Je suis quelqu’un  de raisonné, je ne m’emporte quasiment jamais, et je ne me considère pas comme quelqu’un de  « passionné ». J’entends par la que je prends le temps d’analyser, de réfléchir dans un sens comme  dans un autre. C’est vraiment dans mon caractère. 

Alors j’ai beau réfléchir, je n’ai pas souvenir d’avoir connu des pics émotionnelles. Il m’arrive de ne  pas avoir de visibilité sur mon activité a 2 mois mais je n’ai finalement jamais manqué de travail, et  mon planning a toujours fini par se remplir, alors ce n’est plus quelque chose qui m’inquiète 

aujourd’hui. Ça revient a ce que j’ai dit au début, j’ai une bonne étoile et les choses se sont  toujours bien alignées pour moi. 

J’ai toujours eu confiance en moi et je pense que cela joue beaucoup. Bien sur, j’ai longtemps  cédé moi aussi au syndrome de l’imposteur, mais davantage par rapport au manque d’expérience  qu’a un manque de confiance dans mes travail.  

Mon entourage familial m’a depuis toujours témoigné une grande confiance et je pense que ça a  aidé. Ils n’ont jamais essayé de me dissuader lorsque je leur ai annoncé vouloir faire une école  d’art après un bac S obtenue avec mention TB.  

Je suis une grande optimiste et j’ai une grande confiance dans ma bonne étoile, alors je vois  toujours le bon cote des choses. Et si des mois sont plus calmes, alors je me dis que c’est le  moment idéal pour bosser sur mon business. 

Est-ce que tu aurais un conseil, une anecdote à donner à mes abonnés à tester?

Audrey : En décembre dernier, au moment de faire le bilan, je n’étais pas satisfaite de mon  année. Mais quand je me suis posée pour essayer de voir ce qui avait posé problème, je n’ai pas  su l’identifier. Ça a été très frustrant. Alors depuis début 2020, j’ai mis en place un rituel qui m’a  apporté énormément cette année.  

Je tiens ce que j’ai appelé mon « business journal » et tous les vendredis soir, je fais le point sur  ma semaine : Ce que j’ai réussi / Ce que je dois améliorer / Ce que j’ai appris / Les erreurs à  abandonner / Les jolies rencontres / les bonnes idées qui feront la différence… J’écris aussi mes objectifs pour la semaine suivante. 

C’est un moment que j’aime vraiment et cela me permet de « clôturer » ma semaine. Cela m’a réellement permis de progresser sur mon organisation et la vision de mon entreprise. Et au moment de faire le bilan annuel, tout sera plus facile car il me suffira de relire mon carnet. Cela me permet d’identifier les objectifs qui n’ont pas été remplis et je chercher à comprendre  pourquoi cela n’a pas été fait. 

Un autre conseil, c’est de savoir dire non ! C’est dur. Mais a chaque fois que l’on me sollicite, je me  demande : « est-ce que cela sert vraiment mon entreprise ? Est-ce que cela me fait vraiment  plaisir ?” Cela m’a permit de me libérer beaucoup de temps et de prendre du plaisir dans chaque  chose que je fais !

Merci beaucoup Audrey pour cet échange. Si on souhaite te contacter vers où doit-on aller ?

Audrey :